En 2002, Jacques Chirac fut élu avec 82% des voix. Ce chiffre ne pouvait tromper que ceux qui, éventuellement, revenaient d’un long voyage spatio-temporel. Pour quiconque connaissait la dramaturgie que venait de connaître la France, ce 82% agglomérait des votes aux significations bien différentes. Dont, seulement, 20% d’électeurs convaincus par le Président sortant.
En 2012, l’Institut Harris sort un sondage pour le magazine Grazia dont le titre a de quoi faire l’effet d’une bombe. 91% des Français seraient favorables à l’euthanasie active. En grattant un peu, 73% des catholiques pratiquants réguliers sont dans ce cas.
Le Monde ne s’y trompe pas dans sa titraille et se fait le relais moutonnier de l’offensive médiatique en cours : « Une écrasante majorité de Français pour l’euthanasie active ». On n’est pas le quotidien de référence des Français pour rien.
Certains résultats font froid dans le dos. L’adhésion des sondés au principe du recours à l’avis des proches ou à la constitution d’un collège de médecins laissent entrevoir, sans qu’il soit nécessaire de laisser vagabonder l’imagination très longtemps, des dérives bien difficiles à contrer mais si faciles à prévoir !
En revanche, la question posée est intéressante. Parce qu’elle permet de comprendre la réelle teneur, inavouée, de l’opinion des Français.
Sur ces 91% déclarés favorables (contre 7% contre et 2% sans opinion), seuls 40% le sont dans tous les cas, et 51% « seulement si le patient souffre de douleurs que la médecine ne peut soulager ».
Osera-t-on dire, rappeler encore et encore, que cette condition, qu’on pourrait alors considérer comme suspensive et qui semble remporter l’adhésion de la majorité de Français (51% + 7% soient 58% contre 40%) est de plus en plus remplie ? Que les soins palliatifs, puisque c’est d’eux qu’il s’agit, sont montrés ici de façon claire comme une solution préférable à l’euthanasie ?
Vous souriez ? Imaginez-vous alors, dans un sondage concernant la peine de mort, demander aux Français : « Dans l’hypothèse où les prisons n’existent pas, seriez-vous favorables à la peine de mort pour protéger les honnêtes gens des meurtriers et violeurs récidivistes ? »
Bien évidemment, ces soins, qui réclament des moyens tant dans leur administration que dans leur développement, risquent de devenir la cinquième roue du carrosse si François Hollande, Jean-Luc Romero et leurs amis parviennent à leurs fins. Au prix de manipulations grossières.
Pourtant, les soins palliatifs restent préférables aux yeux des Français à l’euthanasie, contre viennent de le montrer, un peu malgré eux, Grazia et Harris. Plutôt que de tout mettre en oeuvre pour accéder aux demandes de près de 6 Français sur 10, pourquoi s’entêter à leur proposer une solution qui n’est qu’un pis-aller largement évitable ?
